Tandis que la COP28 touche à sa fin, chacun d’entre nous tente de trouver des solutions pour s’adapter au mieux à l’évolution rapide du réchauffement climatique et de ses conséquences sur la vie de tous les jours : vacances, travail, déplacement, alimentation…
Selon une étude publiée le 30 octobre 2023 dans la revue Nature Climate Change, il ne nous resterait que six ans avant que les émissions de carbone ne nous fassent dépasser le seuil de réchauffement de 1,5 °C.
Cabanes de France, 1er réseau français de cabanes perchées dans les arbres et hébergements insolites depuis 2008, suit avec grand intérêt l’évolution du climat de ces dernières décennies. Aujourd’hui plus que jamais, elle porte un intérêt particulier à la biogéographie ; l’étude de la distribution géographique des espèces animales et végétales.
En effet, travaillant avec un bon nombre de partenaires ayant des cabanes dans les arbres ou bien des hébergements en pleine nature, entourés d’arbres de différentes espèces selon les régions, il devient urgent de prendre en considération ces évolutions climatiques et de s’adapter en toute connaissance de cause. Pour cela, lors de leur dernier séminaire, les équipes de Cabanes de France ont souhaité faire appel aux compétences de Serge Zaka, Docteur en agroclimatologie, membre du conseil d’administration d’Infoclimat et chasseur d’orages.
Serge Zaka, agroclimatologue, lors de son intervention aux rencontres Cabanes De France
Car oui, le changement climatique c’est aussi cela ! Un futur avec des chênes vert méditerranéens en Bretagne, la garrigue jusqu’à Toulouse et Lyon, ou encore une expansion des pins maritimes depuis l’ensemble Aquitain jusqu’à une large moitié Nord-Est de la France. Cela signifie également que certaines essences disparaitront progressivement ; tels que le chêne pubescent (des régions tempérées), l’hêtre, le chataignier ou encore les sapins collinéens des Vosges et du Jura.
© Serge Zaka à partir des données du projet CARBOFOR (Badeau et al. 2004)
Récemment, Serge Zaka soulignait sur Twitter : “Canicules, gel tardifs, sécheresses, douceur hors
saison : ces stress répétés tuent nos forêts. En 2019, l’ONF estimait que 45.1% des forêts du nord-est de la France montraient des signes de dépérissement. 45.1%. Je ne préfère pas imaginer les chiffres après la sécheresse de 2022. L’épicéa, le hêtre ou le bouleau vont progressivement disparaître des plaines de France”. @SergeZaka (Twitter).
Ces estimations impliquent bien évidement des questionnements et de potentiels changements pour les hébergeurs de Cabanes de France. L’idée n’est pas tant de dénoncer ce type d’hébergements insolites (tels que les cabanes dans les arbres) ou bien l’accueil dans des forêts à risque, mais plutôt de réfléchir et proposer des solutions pour adapter son offre d’accueil et aller vers une transition qui soit la meilleure possible pour les hébergeurs mais aussi pour les touristes.
Ainsi, favoriser ou installer des essences d’arbres mieux adaptées aux conditions futures ou encore prévenir des risques d’incendies, deviennent des considérations inévitables pour les années à venir, souligne Serge Zaka.
© Serge Zaka à partir des données 1980-1999 European Fire Database et 2000-2022 Ef s /
Graphique © Serge Zaka
L’indice hydrique des forêts et des sols diminuant drastiquement en été, les terrains deviennent davantage propices aux incendies d’origines humaines. L’importance de la prévention des feux de forêts par ces hébergeurs est donc fondamentale. Un vrai sujet est présent concernant, entre autres, les populations urbaines qui se déplacent dans ces lieux insolites, en pleine nature. Il est donc important pour les hôtes de prendre en considération ces profils qui sont parfois moins au fait des dangers dans un tel environnement et de jouer ainsi un rôle dans cette sensibilisation.
© Serge Zaka d’après les données de DRIAS
Cette fonction pédagogique est également primordiale concernant la biogéographie des espèces d’arbres. En partant du principe que ces hébergeurs, en construisant des cabanes dans les arbres ou bien en réalisant des lieux pour des séjours en pleine nature, présentent une sensibilité particulière pour les arbres et la vie au milieu de ceux-ci, c’est à eux d’adapter leur environnement aux évolutions climatiques. Les essences d’arbres présents sur leur territoire, dans 30 ans, 40 ans ou 50 ans, ne seront plus les mêmes qu’aujourd’hui. Leur rôle est donc de devenir acteurs, en plantant de nouvelles essences plus adaptées ou en construisant des cabanes dans des arbres qui ne subissent pas de stress hydrique et thermique pour éviter tout risque d’accident par manque de résistance au changement climatique.
Enfin, les propriétaires de ces hébergements insolites doivent également prendre en considération l’impact que ce changement climatique aura sur la saison touristique. Avec des printemps et des automnes plus doux, les touristes vont davantage réserver dans ces endroits hors saison estivale, voir parfois même fuir certaines régions où la chaleur sera trop importante en été. C’est un point à ne pas négliger sur le long terme afin d’adapter encore et toujours son offre.
© Serge Zaka à partir des données d’Infoclimat
Dans l’objectif de rallier ces personnes déconnectées de cette réalité ou mal informées, les hébergeurs peuvent également passer par l’adaptation de l’environnement en installant des ruches, un potager et en informant les clients sur les essences d’arbres…
Autant de points soulignés par Serge Zaka qui font que Cabanes de France souhaite rester toujours plus informé, attentif et présent pour aider leurs 270 partenaires à évoluer afin de continuer à accueillir un public toujours plus large dans ces hébergements d’exception, au plus proche de la nature et à les sensibiliser sur les enjeux du changement climatique.
